- REPRÉSENTATION ÉLECTORALE
- REPRÉSENTATION ÉLECTORALEREPRÉSENTATION ÉLECTORALESi l’on admet que la démocratie peut être définie comme la recherche de l’identification maximale entre gouvernants et gouvernés, on mesure l’importance de la question de savoir si les élus représentent effectivement les électeurs. Un tel problème n’est sans doute pas lié à l’apparition du suffrage universel. Ainsi, la loi française du «double vote» de juin 1820 témoigna-t-elle clairement que le régime censitaire (ou même «surcensitaire») pouvait, au sein même d’un électorat limité par la fortune, favoriser la représentation parlementaire d’une catégorie que le législateur avait voulu privilégier. Les problèmes posés par l’inégalité de représentation se sont encore accentués avec l’institution du suffrage universel. Plus, en effet, les représentés se trouvent nombreux, plus il est malaisé de faire en sorte que les élus les représentent effectivement. En France, cette inégalité de représentation est surtout manifeste en ce qui concerne la seconde Chambre, élue au suffrage indirect. Comme sous la IVe République, la majorité absolue des délégués sénatoriaux est issue des communes de moins de 1 500 habitants, c’est-à-dire de tout petits villages et le Sénat apparaît, encore aujourd’hui, comme une «Chambre d’agriculture».Aux États-Unis de même, la seconde Chambre privilégie largement les régions rurales ou dépeuplées puisque, quel que soit le nombre de ses habitants, chacun des cinquante États de l’Union élit deux sénateurs. New York, avec 20 000 000 d’habitants, a donc le même poids au Sénat que l’Alaska, avec 225 000.L’inégalité de représentation résulte parfois de procédés plus insidieux. Le découpage des circonscriptions — connu aux États-Unis sous le nom de «gerrymander» — permet en effet de favoriser la représentation parlementaire d’une tendance politique, au détriment de celles qui s’y opposent. Seule une représentation proportionnelle intégrale, et pratiquée à l’échelon national, pourrait assurer aux élus de représenter leurs électeurs le mieux possible. Un tel système existe, à l’heure actuelle, en Israël où l’État est considéré comme une seule circonscription, chaque parti présentant une liste de candidats correspondant au nombre total des membres de l’Assemblée. Il n’est pas douteux, cependant, qu’un tel système, par l’éloignement qu’il favorise entre l’électeur et son élu, diminue le sentiment qu’éprouve celui-ci d’être représenté, ce qui — dans un grand pays — n’est pas sans danger pour la démocratie.
Encyclopédie Universelle. 2012.